L’égalité homme femme est un sujet de première importance en France. En observant les chiffres, nous pouvons voir qu’il subsiste des inégalités persistantes entre les hommes et les femmes dans notre société : 18,8% d’écarts de salaires, environ 40% d’écarts de retraites, seulement 26,9% de femmes députées…
Comment se placent les femmes et les hommes face à ces inégalités ?
Pour répondre à cette interrogation, Laurence Rossignol, ancienne ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes, a commandé une enquête au CSA réalisée auprès de 2500 personnes représentatives de la société française en août 2016 : “Perceptions de l’égalité entre les femmes et les hommes en France : Regards croisés.” Cette enquête se composait de 28 questions posées à 3 types de cibles : un échantillon de 1001 hommes âgés de 15 ans et plus, un échantillon de 1 259 femmes âgées de 15 ans et plus, et un sur-échantillon de 327 femmes âgées de 15 à 20 ans.
Les questions posées portaient sur les thèmes suivants : inégalités femmes/hommes au foyer, à l’école, dans l’espace public ou au travail, les droits des femmes en France, ainsi que le féminisme.
Tout d’abord, l’étude montre que le sexisme à l’égard des femmes persiste en 2016. En effet, 4 femmes interrogées sur 10 ont récemment déclaré avoir été victimes d’une injustice ou d’une humiliation parce qu’elles sont des femmes, et sur l’ensemble des sondées, 15% estiment en avoir subies à plusieurs reprises. Les jeunes femmes semblent plus touchées par ces injures puisque 32% des femmes entre 15 et 20 ans ont répondues en avoir déjà reçues et 18% affirment en avoir été victimes plusieurs fois…
De plus, l’enquête démontre que les principaux lieux de ces injustices sont les milieux professionnels et scolaires. Parmi les sondées, 38% avouent vivre ces situations sur leur lieu de travail, c’est à dire presque 4 femmes sur 10, ce qui est énorme. 1 femme sur 2 déclare, par ailleurs, avoir subi des remarques embarrassantes ou très embarrassantes dans le cadre de leur vie professionnelle ! Le travail est alors encore et toujours un espace d’inégalités, où les femmes reçoivent des remarques sexistes, en plus des écarts de salaire avec les hommes.
Dans la tranche des 15-20 ans, 28% subissent ces injustices en milieu scolaire et 22% dans la rue. Ces manifestations du sexisme entraînent des attitudes d’évitements, en particulier chez les jeunes. Plus de 7 jeunes femmes sur 10 (72%) avouent avoir modifié au moins une fois leur comportement par peur des réactions sexistes. Elles évitent par exemple de porter certaines tenues vestimentaires et ne fréquentent pas certains lieux publics ou événements, pour éviter de recevoir des remarques.
Actes sexistes, qui est à l’origine de ces situations?
L’enquête nous apprend que plus de la moitié des actes sexistes émanent de l’entourage de la femme. À la question : “qui était à l’origine de cette situation ?”, sur l’ensemble des femmes, 56% ont répondus leur entourage. L’entourage désigne ici un(e) inconnu(e), un(e) proche, un(e) collègue/camarade, un(e) vendeur(se)/artisan/ employé(e), un(e) client(e)/patient(e)/prestataire/usager, un(e) enseignant(e)…
Chez les 15-20 ans, 51% ont répondues l’entourage et 43% déclarent que ces injures proviennent d’un(e) inconnu(e).
Ce constat est assez alarmant car cela signifie que les injures viennent en majorité de l’entourage des femmes, donc de personnes connues qu’elles fréquentent, voire même de certains proches.
L’égalité homme-femme encore faible dans l’éducation
Les femmes font également face à des stéréotypes persistants comme pour l’éducation dans certaines filières scientifiques, technologiques ou sportives. En effet, elles s’auto-déprécient parfois et pensent qu’elles ont moins de chances qu’un homme dans ces 3 filières principalement. Certaines avouent aussi ne pas recevoir les mêmes conseils en matière d’orientation que les hommes pour leur parcours scolaire. Enfin, selon elles, elles n’auraient que 9% de chance de réussite dans le domaine scientifique, 4% dans le domaine technologique, et 3% dans le domaine sportif. Ces résultats très bas montrent alors que les femmes se sous-estiment elles-mêmes car sur cette même question, les hommes ont également étés interrogés, et dans l’ensemble, les résultats sont semblables, voire, un peu plus positifs concernant les chances de réussite des femmes dans certaines filières !
Par ailleurs, ces injustices ne se ressentent pas seulement pendant les études. En effet, les médias peuvent parfois accentuer en partie certains de ces stéréotypes et engendrer de nouvelles insécurités. En effet, plus de 8 femmes sur 10 déclarent que la publicité donne une image qui donne des complexes lorsqu’on leur pose la question. Cette affirmation est confirmée par 70% des hommes sondés.
Les femmes ne se sentent pas traitées à l’égal des hommes au quotidien
Dans la vie au quotidien, 4 femmes sur 10 ne se sentent pas traitées à l’égal des hommes. Face à ce constat, on remarque tout de même une forte mobilisation contre le sexisme des deux côtés (hommes/femmes).
En réaction à ces déclarations, 79% des femmes affirment être d’accord sur l’utilité du combat du féminisme, soit presque 8 femmes sur 10 ! 57% des interrogées se disent féministes et 94% des hommes pensent que les femmes subissent des injustices ou des humiliations parce qu’elles sont des femmes, contre 99% chez les femmes.
Ces chiffres élevés montrent l’importance du combat mais aussi la persistance des inégalités encore aujourd’hui…
Pour finir, plus de la majorité des femmes ont le sentiment qu’on ne parle pas suffisamment des injustices liées au sexisme, contre un peu plus de la moitié des hommes qui pensent le contraire (53%). Mais la lutte contre les inégalités concerne autant les hommes que les femmes (65%) et continue d’être un sujet à débat dans notre société.
Qu’en est-il de nos voisins Européens ?
Chez nos confrères du Vieux continent, le constat est également sans appel. À l’instar des disparités perceptibles dans l’hexagone, des inégalités de salaire sont aussi à déplorer en Europe. En moyenne, les femmes gagnent 16,3% de moins que les hommes dans l’ensemble de l’Union Européenne, selon une étude menée en 2017 par Eurostat. C’est en Estonie que l’on recense l’écart le plus important avec une différence de salaire homme/femme de 26,9% contre 5,5% au Luxembourg et en Italie, pays dans lesquels la disparité est à son niveau le plus faible.
Outre des différences de salaire, l’étude pointe également des inégalités de postes en entreprise. En effet seul un poste de manager sur trois est occupé par une femme et dans aucun des pays de l’Union Européenne la proportion de femmes managers n’excèdent les 50%. Mais alors, sommes-nous face à des inégalités indomptables ? Pas nécessairement. La récente promulgation d’une loi obligeant les entreprises islandaises à appliquer d’ici 2020 une parité salariale laisse à penser qu’un nouvel élan d’égalité pourrait s’étendre au reste du continent et faire des émules…