Comment diminuer la consommation de tabac ? En augmentant le prix du paquet de cigarettes répondent l’Organisation mondiale de la santé et le gouvernement français. Toutefois, comme nous le démontre l’exemple de Piala Inc, société tokyoïte spécialisée dans le marketing, les entreprises peuvent aussi mettre en place des mesures pour favoriser la lutte contre le tabagisme, en réduisant par exemple les pauses cigarette de leur collaborateurs. Cette démarche rejoint la politique anti tabac entreprise par le gouvernement japonais en vue des JO de 2022, avec pour objectif de diminuer la consommation de cigarettes et les endroits où celle-ci est autorisée.
Japon : une culture du tabac bien particulière
Au pays du soleil levant, le pourcentage de fumeurs quotidiens s’élèvent à 19,6% de la population, avec une grande disparité entre le nombre d’hommes et de femmes accros à la cigarette. En effet, seulement 11% des femmes japonaises fument au moins une fois par jour, contre 34% chez les hommes. Une autre particularité nippone réside dans le nombre d’espaces publiques au sein desquels il est encore possible fumer. Bars, écoles, ou encore restaurants, dont seulement 10% sont déclarés non fumeurs, le Japon est l’un des rares pays développés à ne pas avoir de réelle législation qui encadrent la consommation de tabac. À l’approche des jeux Olympiques de 2020, le gouvernement a donc souhaité durcir la législation pour décourager les plus dépendants à la nicotine.
Pauses cigarette pour certains, jours de congés pour d’autres
À l’instar de ces mesures de lutte, la société Piala Inc a souhaité récompenser ses collaborateurs non fumeurs. Ainsi, ces derniers se sont vus offrir 6 jours de congés payés supplémentaires, une aubaine dans un pays où le présentéisme est très, et souvent trop, élevé. Les dirigeants de Piala Inc, à l’origine de cette décision, ont estimé qu’à cause de leurs pauses cigarette, les employés fumeurs travaillaient un peu moins que leurs collègues qui ne fument pas. Plus de dix minutes par pause, plusieurs fois par jour, tous les jours, les heures de travail utilisées pour fumer peuvent rapidement s’estimer à 240 par an. Après la plainte de certains collaborateurs sur cette perte de temps considérable, la direction de l’entreprise de 120 personnes a préféré récompenser les non fumeurs plutôt que de sanctionner les fumeurs.
L’initiative, mise en place dès le 1er Septembre, a rencontré un réel succès : quatre collaborateurs sur 42 fumeurs ont déjà abandonné leurs pauses cigarette. Enfin, depuis la mise en place de cette mesure, 30 employés ont déjà bénéficié des congés supplémentaires. Cette initiative est d’autant plus interessante de part le pays dans lequel elle a été mise en place. En effet, le Japon est l’un des pays où l’on peut observer un nombre inquiétant de burn out, dû à une surdose de travail. Pour lutter contre cet effet dévastateur, le gouvernement souhaite bientôt proposer une loi pour forcer les salariés à prendre un minimum de cinq jours de congé par an.
Et en France ?
En France, en 2016, 34,5% des 15-75 ans fumaient du tabac, dont 28,7% quotidiennement. Ces pourcentages n’ont pas vraiment changé depuis 2010. 16 millions de fumeurs et des milliards de pauses cigarette. Que dit donc le code de travail sur ces arrêts de courte durée?
La pause, définit par la cour de cassation comme un ” arrêt de travail de courte durée sur le lieu de travail ou à proximité ” , doit être de 20 minutes minimum pour tout temps de travail journalier d’au moins 6 heures (Code de travail – article L3121-16). Une convention collective ou un accord collectif peuvent prévoir une durée supérieure (art. L3121-17). Le salarié peut fractionner la durée de sa pause, avec par exemple 4 pauses cigarette de 5 minutes pour les fumeurs. Et pour les non fumeurs ? Il reste toujours la possibilité de prendre une pause café…