Avec les transformations dues à la révolution du numérique, la formation professionnelle prend le devant de la scène pour devenir l’un des enjeux centraux des entreprises. Les salariés doivent désormais apprendre tout le long de leur vie professionnelle et acquérir de nouvelles compétences. De nos jours, les entreprises et les professionnels de formation accordent de plus en plus d’intérêt aux recherches neuroscientifiques. Et pour cause ? Grâce aux développements de ce type de recherche, de nouvelles techniques pour améliorer et transformer l’apprentissage se développent. Quel lien rapproche les neurosciences à la formation professionnelle ?

Comment apprenons-nous ?

Les neurosciences sont l’ensemble des disciplines scientifiques qui étudient le système nerveux, tant de sa structure que de son fonctionnement. Elles sont nées dans les années 60 de la convergence entre différentes branches scientifiques : la biologie, la psychologie, l’anthropologie, la médecine, la chimie, l’informatique et les mathématiques. Elles se sont développées dans les années 90 et elles ont été appelées avec l’essor de l’imagerie fonctionnelle cérébrale, la « décennie du cerveau ». Aujourd’hui, les neurosciences tendent à se démocratiser.

Les neurosciences jouent un grand rôle dans la formation professionnelle. Elles nous renseignent sur de nombreux mécanismes de notre cerveau. Concrètement comment cela se passe ?

La mémorisation de l’information se divise en trois phases principales : l’encodage des nouvelles connaissances (la formation de nouvelles connaissances au niveau des neurones), leur stockage inconscient dans le cerveau (la rétention inconsciente de l’information) et la récupération des informations au moment opportun (la capacité à retrouver consciemment l’information pertinente, sa capacité est bien plus réduite).

Ainsi, les neurosciences nous apprennent que notre cerveau est en capacité de stocker toutes les informations apprises pendant la formation. Or dans un monde professionnel en constante évolution, il est indispensable pour l’entreprise de permettre à ses salariés de s’épanouir et de valoriser leurs acquis en suivant des formations. Un lien inéluctable naît donc entre les neurosciences et la formation professionnelle. Notons qu’il est important que le formateur soit un expert dans le sujet et qu’il soit plus âgé que les apprenants. Ses expériences et son expertise lui permettent de gagner la confiance des apprenants et les performances d’apprentissage s’amélioreront.

Les apports des neurosciences

Les apports des neurosciences à la formation professionnelle sont multiples.

Les neurosciences prouvent que l’attention maximale ne dure que 15 minutes. Durant cette période, le taux de décharge cérébrale augmente de 51%, ce qui est très coûteux en énergie. Il serait donc important de repenser au modèle pédagogique des modules de formation en privilégiant notamment un enchaînement de séquences de 15 minutes avec des alternances dans les modes d’apprentissage entre la théorie et la pratique. Lors d’un Talk à TedxAslace, Eric Gaspar, professeur de mathématiques et fondateur du projet neuro sup, explique que selon les dernières avancées en neuroscience, plus le cerveau est stimulé et de manière différente, plus il se développe.

Le formateur devrait par ailleurs dispenser sa formation dans un environnement qui éloigne les distractions et qui favorise la concentration. Il pourra par exemple interdire les smartphones et les laptops pendant un certain temps, introduire des temps de silence, proposer des exercices d’attention consciente comme des minutes de pleine conscience ou de méditation…

De plus, la mémoire des formants peut être fragile. Il est nécessaire de la réactiver de nombreuses fois en répétant la même idée pour renforcer les connexions synaptiques qui relient les neurones entre eux et qu’elle s’intègre dans la mémoire du formant à long terme. Notons qu’il est préférable d’espacer les répétitions dans le temps pour favoriser l’ancrage d’information. Par exemple, Domoscio propose un dispositif d’ancrage innovant. Cette startup triple le taux de rétention des apprenants en proposant une répétition des tests, quizz et des jeux d’apprentissage.

Sachant que la mémoire peut nous tromper, il est important de tester les connaissances des apprenants afin de corriger leurs erreurs. A ce titre, les quizz et les feedbacks sont des outils utiles pour avoir la bonne information. De même, pour faciliter la transmission de la bonne information, il est opportun d’accompagner les apprenants à pouvoir transposer les nouvelles informations acquises dans leur contexte personnel. En d’autres termes, le formateur pourra adapter ses illustrations et ses anecdotes au groupe qu’il a en face de lui et les apprenants vont pouvoir l’adapter à leur monde (repères familiers…).

En outre, Bernadette LECERF THOMAS explique dans son ouvrage « Activer les talents avec les neurosciences » que les événements dont on se souvient le plus sont ceux qui nous ont le plus marqués émotionnellement. Il est donc important de susciter des émotions chez les apprenants – en intégrant par exemple des storytelling, des récits, des anecdotes, des visuels – pour consolider l’apprentissage et de stimuler un maximum de sens chez l’apprenant pour faciliter l’apprentissage.

La dopamine est un neurotransmetteur, une molécule biochimique qui permet la communication au sein du système nerveux. Elle est une des molécules qui influencent directement le comportement et plus particulièrement la motivation. Les travaux les plus récents prouvent que la dopamine est à l’origine de l’apprentissage et que les activités d’apprentissage qui augmentent la dopamine favorisent l’attention et la mémorisation. Il est donc important d’inviter le plaisir dans les sessions de formation. Plusieurs outils peuvent être mentionnés comme Kahoot, Wooclap et Mentimeter qui permettent une gamification d’une session de formation à travers des quizz participatifs et digitaux.

Enfin, ce n’est que pendant les périodes de repos que le cerveau consolide les informations, les acquiert, les organise et les rend stable et durable. Toutes les phases du sommeil sont un facteur clé dans la mémorisation : la consolidation de la mémoire déclarative (nos connaissances) se fait lors du sommeil léger et profond en début du cycle ; alors que la consolidation de la mémoire procédurale (nos compétences) se déroule lors du sommeil paradoxal en fin de cycle.

En conclusion, « en s’intéressant au cerveau, c’est à l’individu dans son ensemble à qui on porte attention : ses émotions, ses pensées, son corps qui sont intimement liés ». Les avancées scientifiques prouvent la présence d’un lien entre les neurosciences et la formation professionnelle. Il est donc inévitable de dire que pour mieux enseigner et mieux apprendre, il faut s’intéresser au NeuroLearning.

Auteur(s)

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *