DISCLAIMER : Cet article est suivi de la vision inverse : “Utopie”. Les propos, tant dans cet article que dans le suivant, sont exagérés et n’engagent que moi.

Nous sommes le 1er Janvier 2020, le bug de l’an 2000 n’a pas eu lieu mais c’est bien celui de l’an 2020 qui a frappé. 

La France se réveille sans RH. 

Les salariés découvrent dès le retour du réveillon le 2 Janvier, des entreprises dépourvues des services « Ressources humaines ». Ils ont tous disparus des entreprises, comme évaporés.

Que se passerait-il alors ? 

Nous sommes le 30 Mars 2020, Marie se rend dans son entreprise, Dystop, leader français dans son domaine. Elle est accueillie par des remarques déplacées de ses collègues.

Tout le monde trouve ça normal, les remarques sexistes et les discriminations faites aux femmes n’ont jamais autant progresser cette année 2020, les RH ne jouant plus leur rôle de garde fou. 

De plus, Marie étant enceinte depuis peu, on lui a clairement fait comprendre que ça sera impossible pour elle d’avoir la promotion pourtant promise lors de son entretien de fin d’année 2019. Elle n’a pas encore avoué qu’elle attendait des jumeaux, elle a peur de la réaction de son manager. Elle ne peut clairement pas perdre son emploi aujourd’hui, elle est tétanisée.

En montant dans les étages, Jamel, binôme de Marie depuis 3 mois se prend le pied dans un carton en plein milieu de l’escalier et chute. Il se blesse gravement au pied gauche et s’en va chercher Pauline, sa responsable RH pour constater l’accident du travail et l’envoyer à la sécurité sociale. 

Il oublie que Pauline n’est plus là désormais et il se retrouve donc seul, ne sachant pas quoi faire et subissant les rires de ses collègues qui ne lui viennent pas en aide. 

Depuis la fin des RH, les accidents du travail sont gérés par la Finance qui a clairement estimé non rentable de devoir procéder de la sorte et a donc délibérément adopté une politique selon laquelle il pourrait seulement y avoir 1 accident du travail par équipe par an. 

Aujourd’hui le 30 Mars, c’est jour de paye. 

Mars est habituellement un mois particulier puisque la prime de fin d’année est versée. A midi, tout le monde regarde sur son application Revolut pour voir l’état de ses comptes. Un véritable chaos éclate.  Il y a 1001 erreurs au sein de l’entreprise. Certains ont plus que prévu, d’autres beaucoup moins, des managers ont moins que leurs managés et certains anciens ne perçoivent pas de prime. 

C’est la zizanie ! 

Des bagarres apparaissent et des insultes fusent. 

Sans Magali, Responsable Compensation & Benefits, les bonus sont tous faux et depuis que la paye est entièrement externalisée à une startup dans un pays en voie de développement, il n’y a plus de correction a posteriori des salaires. C’est l’angoisse !

S’en suit alors une après-midi où les salariés s’empressent de fouiller dans le google drive partagé. Auparavant la confidentialité était la règle, elle est aujourd’hui l’exception.

Tout le monde a accès aux données des autres et ainsi, chacun s’amuse à aller voir pourquoi son voisin d’open space a eu plus que lui. Des données fusent sur slack, certains collègues lancent le name dropping sur le #General et révèlent encore plus de données confidentielles par rancœur.

Plusieurs clans se forment et personne ne peut jouer ce rôle d’arbitre pour faire arrêter ce massacre.  Arthur, le CEO appelle le service support de Slack et demande un arrêt du service. C’est la goutte d’eau pour Slack qui a essuyé de nombreuses demandes similaires ces derniers mois et qui se retrouve dans une situation critique.

La réaction ne se fait pas attendre et le CEO procède à une vague de licenciements dès la semaine suivante. Ces licenciements sont tous sans cause réelle et sérieuse mais le HR Legal Officer n’est pas là pour le conseiller. Les salariés en questions se dressent contre l’employeur et s’unissent pour porter une action commune devant les prud’hommes.

Ils ouvrent une cagnotte Lydia et récoltent un montant suffisant pour couvrir les frais de justice. Cette bataille-là ne fait que commencer. 
Pour compenser cette vague de licenciement, Arthur s’engage dans une campagne de recrutement in extremis.

Les recruteurs n’ont pas disparus mais ils se retrouvent débordés. Beaucoup d’entre eux doivent en panique s’occuper tant bien que mal de certains RH, d’autres ont tout simplement démissionné face à l’afflux des départs et des candidatures.

En prenant la main sur le recrutement, Arthur créé des disparités salariales entre anciens et nouveaux, il recrute sans contrôle de références, il répond à un candidat sur deux, Il se montre parfois odieux.

Il souffre d’une marque employeur complètement anéantie mais c’est le cas de toutes les entreprises du CAC 40. Glassdoor est passé d’un havre de paix assez équilibré à un bureau des pleurs. Or sans service recrutement opérationnel pour y répondre, ces messages ne sont que des bouteilles à la mer. Tout comme les candidatures qui le plus souvent n’aboutissent jamais.

En recrutant ces nouvelles personnes, de nombreuses erreurs ont été commises. Sans HR Officer, ni HR Manager, il n’y a plus de garantie de qualité dans les contrats et chacun se retrouve à faire les choses à sa manière. Certains oublient le minimum légal et conventionnel.

Le service juridique implose et la responsable juridique, Jeanne, après une belle expérience de 5 ans dans l’entreprise démissionne. C’était la fois de trop.

Quelques semaines passent et certains pensent la situation apaisée

Le cours en bourse avait presque fini par se stabiliser après une descente aux enfers. Toutefois c’était sans compter l’absence d’entretiens de mi année. Sans RH pour superviser le déroulé de cette étape cruciale, chacun est livré à lui-même, tant sur le fond que sur la forme. 

Si quelques managers se prêtent au jeu et élaborent des PMS (Performance Management System) d’extrême qualité, la plupart des salariés ne bénéficient de rien et se retrouvent abandonnés, sans objectif et sans moyen de savoir si leur travail est apprécié ou non.

Tom, jeune diplômé de l’EM Lyon arrivé il y 1 an, souhaitait obtenir sa première formation. Il a demandé à son manager mais sa demande est resté coincée dans la “to do list” de ce dernier. Il s’entendait très bien avec Bruno, responsable Learning mais ce dernier ayant disparu, il ne peut pas demander un financement de sa formation de 2 jours en cryptomonnaie. Il doit donc, en plus de son prêt étudiant, faire un prêt à la consommation pour financer cette formation. 

Frustré de cette situation, il va voir Marie, sa compagne qu’il a rencontré durant sa journée d’intégration (journée qui a également disparue faute de RH pour l’organiser). 

En montant au 4ème, il retrouve certains de ses collègues en train de la “bodyshamer” sur un “channel” du nouveau slack pirate #OhMarie. Pris de colère, il déclenche une bagarre qui devient très vite générale à l’immeuble (c’est la 3ème ce mois-ci). Il tombe dans les pommes. Il se réveille. Il regarde Marie. Ce n’était qu’un rêve… 

Auteur(s)

  • Utopiste RH depuis que je suis tombé dans la marmite, je suis un fervent défenseur de la transformation du métier. Ma recette : Versez une bonne dose de passion pour mon métier, ajoutez un spider-sens toujours à l’affût des dernières innovations, saupoudrez d'une pointe de polémique, enfournez, c'est prêt !

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