Le “Red World” : un monde du travail où l’innovation est la norme, l’éthique en option
Il s’agit ici d’un scénario qui croise la tendance individualiste (contrat de travail personnalisé au sein de l’entreprise, obéissance inconditionnelle aux désirs des consommateurs en son dehors) avec la fragmentation des entreprises (déclin de la culture d’entreprise, turn-over très fréquent). Bref, un monde de freelances et d’entrepreneurs ! En matière de RH, les employés devront nécessairement être :
- Créatifs, car l’innovation est l’objectif numéro un ;
- Agiles, car la vitesse et l’organisation efficiente sont clefs ;
- Compétents, et les compétences clés devront être précises et techniques (pour bien déterminer la valeur ajoutée qu’ils produisent), avec un poids moindre des soft skills.
Les meilleurs modèles managériaux seront alors ceux du type « holacratie », « entreprise libérée », afin de laisser aux employés une marge de manœuvre.
Le “Green World” ou le corporatisme humanisé
Les grandes entreprises avec une forte conscience collective ? C’est pour PwC un scénario possible et crédible. Changements climatiques, sociaux, démographiques sont avec ferveur pris en considération par les grands groupes. Du côté RH, les horaires sont flexibles, le bien-être des employées est une fin et non un moyen au service de la productivité, les négociations avec la hiérarchie pour les promotions sont courantes et participent à la culture d’entreprise axée sur la bienveillance.
Le “Yellow World” : un monde du travail où la conscience sociale est déterminante
« L’humain », le « bien-être », mais aussi « l’emprunte carbone » doivent être pris en compte par la RH dans ce monde fragmenté mais animé par une conscience collective et éthique forte. Les innovations empêchent les grands groupes de maintenir leurs positions de monopole, tout d’abord parce que « small is beautiful » (plutôt l’image du petit entrepreneur responsable, du petit artisan que celle du grand groupe hiérarchique où l’homme n’est qu’un maillon dans une bureaucratie déshumanisée) et aussi parce que la RSE (responsabilité sociale des entreprises) prime sur le « prix faible à tout prix » ou sur le management par le stress.
Le “Blue World” : le corporatisme marié au libéralisme
Dans ce scénario, les géants de la tech, comme les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Microsoft) et les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) fusionnent entre eux, si bien que leur hégémonie dépasse celle des Etats. Ils partagent leurs données, et bloquent ainsi les nouveaux arrivants. Ainsi, le modèle de la start-up périclitera et celui de la grande entreprise renaîtra, mais cette fois à l’ère de l’IA et du big data. Ces derniers permettront de mesurer les performances et la productivité des employés (ceux-ci sacrifieront donc leurs informations privées pour compléter la base de données de département RH). Leur bonheur sera aussi mesuré pour prévoir le turn-over (ou le surmenage) et ainsi déterminer les personnes à risques. Dans ce monde du travail particulier, l’usage des drogues au travail est aussi répandu, toujours dans un objectif de performance.
Quatre mondes du travail comme quatre résultats possibles de l’affrontement des tendances parfois contradictoires à l’œuvre aujourd’hui (performance versus bien-être, éthique versus efficacité et moindre coût, start-up versus grande entreprise). Autant de tendances qu’il est important de prendre en compte pour savoir anticiper le monde de demain et d’adapter en conséquence son organisation managériale.
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Bonjour,
Je me permet un commentaire sur l’étude, car je pense qu’il manque une dernière option qui serait un mix de toutes les bonnes choses que propose chaque modèle. Même si tous ne peuvent pas cohabiter il existe des passerelles entre chaque. Je trouve cela un peu réducteur comme choix possibles, à croire que bien-être au travail ne rime pas avec performance, que sorti des diktats de la productivité on ne puisse pas être efficient sans être surmené et donc sujet au burn out et que le turn over ne soit qu’un dommage collatéral, seule récompense à l’évolution de la société, et perspective à celle de l’employé. Franchement ça ne me fait pas rêver et pour ma part je travaille dans l’industrie, je sais donc ce que le terme productivité sous entend. Au final, ne serait il pas plus logique de définir un modèle qui satisfasse au plus grand nombre qui intègre l’humain au centre de ses priorités et préoccupations , que ce soit du client consommateur qui désir être informé de ce qu’il achète et ce que cela engendre sur sa santé et sur lui, mais aussi de celui qui produit et la manière de développer son business sans matraquer l’employé qui lui permet de l’obtenir, ou détruire l’écosystème par des composés nocifs générant une économie court terme. Je pense à un système d’économie circulaire ou le cercle vertueux permet d’aller dans le sens d’une amélioration continue pour l’entreprise mais aussi au dehors par des consommateurs avisés dans une totale transparence et donc qui se sentent acteurs de leur consommation mais aussi partie prenante de l’avenir des sociétés dont ils plébiscitent les usages et l’intérêt pour un avenir serein.
Mais peut-être que déterminer un scénario réunissant les bons aspects de ceux ici présentés serait un peu partial : quelle est la meilleure tendance entre le corporatisme et la fragmentation des entreprises par exemple ? Mais, il est bon de souligner que ces scénarii sont « exagérés » au sens où ils forcent le trait et accentuent des tendances actuellement à l’œuvre, qui paraissent antagonistes. Proposer, comme vous le faites à la lumière de votre expérience dans l’industrie, qu’elles ne le sont pas nécessairement est en revanche une idée intéressante ! En tous cas, espérons qu’elles ne le soient pas, car je doute, s’il fallait voter à la majorité, que l’un de ces scénarii sorte vainqueur !