Le 9 novembre 2017 , suite à deux premières expériences à Grenoble et Lyon, Manethic et le Lab RH ont organisé la troisième édition de Disrupt RH à Paris, au Campus Eiffel. Le concept : 5 minutes de temps de parole par speaker, soit 20 diapositives défilant toutes les 15 secondes avec pour fil conducteur l’intelligence humaine, l’intelligence artificielle et les ressources humaines. Outre des présentations inspirantes, cette soirée a permis d’échanger sur une vision plus humaine, et parfois surhumaine, de la fonction RH.
L’intelligence artificielle, élément clé de la transformation digitale des ressources humaines
Aujourd’hui, grâce à la puissance du cloud computing et à l’essor du big data, l’intelligence artificielle se démocratise en accompagnant de nouveaux scénarios d’usages. L’analyse de la data est alors exploitée à des fins prédictives pour faciliter le quotidien de chaque utilisateur. Mais quel impact pour le monde du travail ?
Stéphane Goudeau, Cloud Architect depuis 21 ans au sein de Microsoft France, a essayé de répondre à cette question. Selon ce dernier, les prédictions les plus alarmistes ne sont pas vraiment à considérer. En effet, l’intelligence artificielle ne confond pas l’automatisation des métiers et celle des tâches. La fonction RH ira donc au-delà de l’automatisation des nouveaux services digitaux qui permettent d’optimiser les opérations des collaborateurs et du recrutement. Par exemple, avec l’analyse sémantique et linguistique il sera possible d’étudier les annonces de recrutement et de les perfectionner, ou encore de mettre en place du machine learning pour analyser les compétences d’un candidat et d’en vérifier la disponibilité s’il s’agit d’un candidat déjà en poste. D’autres exemples : l’utilisation de bots pour la communication d’informations internes ou encore la facilitation et de la mobilité interne.
Églantine Schmidt, Product Manager – Data Storytelling chez Proxem, a partagé la vision de Stéphane Goudeau en se penchant plus précisément sur l’un des rôles de la fonction RH, le recrutement. Son objectif : réussir à faire communiquer les enjeux techniques et les besoins métiers. Parmi les craintes et les promesses qui entourent le déploiement de l’intelligence artificielle, il est alors important d‘utiliser l’intelligence humaine pour se détacher de l’existant et des données à disposition. Ainsi, l’être humain peut exprimer des critères pour créer un existant qui permette d’intégrer une démarche d’intelligence artificielle dans un processus de recrutement. Utiliser l’expertise humaine et la communiquer à travers des critères qui monitorent l’intelligence artificielle.
Disrupt RH : l’être humain, indispensable et irremplaçable
Qu’est-ce qui reste que le digital ne puisse pas offrir ? L’humain, répond Marc de Fougecourt, Responsable Nowdge à Nextmodernity. L’humain, avec sa sensibilité, sa créativité et son esprit critique. Quand tout va trop vite, il faut prendre le temps, le temps de se poser des questions sur ce qu’on apprend, sur les informations qui nous entourent et nous envahissent quotidiennement. Dans ce monde complexe qu’est le nôtre, il faut apprendre à s’adapter, à apprendre et surtout à faire un pas de côté, c’est ça la vrai disruption. La clé de la formation et surtout de la transformation est donc le questionnement, qui montre l’envie des collaborateurs et leur provoque du plaisir. Même constat pour David Haessig, International Sales Director à EOLIA Software, pour qui il faut encore définir les limites de l’IA dans le monde des ressources humaines, pour que cette dernière corresponde à un réel support.
Une fonction RH oui, mais inspirante et surtout surhumaine selon Michel Barabel, Responsable du M2 GRHM (IAE Gustave Eiffel) et Professeur Affilié à Sciences Po Executive. Le 21 ème siècle, siècle technophile, est dans un premier temps le siècle de l’intelligence artificielle dite faible, sans sentiments. La fonction RH ne doit donc pas concurrencer les machines mises à sa disposition mais plutôt revenir à ses fondamentaux. Enchanter les relations humaines, protéger les salariés, devenir le champion des salariés. Les responsables des ressources humaines se doivent d’être ambidextres, capables d’incarner une posture technologique et financière sans jamais délaisser l’humain. Ne faire que l’une de ces fonctions comporterait un risque car, comme nous le montre plusieurs études, les jobs qui se développent et surtout qui résistent à la digitalisation sont ceux qui arrivent à combiner les compétences sociales et mathématiques.
” L’IA est une aide incroyable pour délester l’homme de toutes les tâches les plus chronophages, pour permettre à l’homme de faire ce qu’il fait de mieux c’est à dire la créativité qu’il tire du travail collaboratif. ” Martin Perez, Co-Fondateur de Jammy.
L’intelligence collective, la limite de l’intelligence artificielle
Pour Chloé Grabli, Fondatrice de Mensch Collective, l’intelligence artificielle s’intéresse aux données du passé afin de prédire de façon organisé les données du futur. L’intelligence collective, par ailleurs, désigne la capacité d’un collectif à penser et à agir ensemble grâce à la puissance du lien, avec plusieurs consequences intéressantes. Tout d’abord, elle donne toujours des résultats de qualité. En effet, le groupe impliqué dans la réflexion trouve toujours la solution qu’il considère être la meilleure pour lui. Les résultats obtenus sont donc durables et la mise en oeuvre des actions est directe car elle se fait en même temps que la pensée de celle-ci. Enfin, le développement du lien inter-humain permet l’installation d’un sentiment de confiance parmi les personnes du groupe en action. Quel processus permet a ce collectif d’être au plus intelligent de lui même? La clef de réussite de tous nos processus est d’impartir un temps de parole égal à tous les participants avec en conséquence comme critère indispensable une certaine qualité de présence.