Le Chief Freelance Officer (CFO, à ne pas confondre avec le Chief Financial Officer) est-il en train de révolutionner la manière dont les grands groupes organisent le travail ? En France, s’inspirant de l’exemple américain, nous avons vu que les travailleurs en freelance représentent désormais une part non négligeable des actifs (2.3 millions selon plusieurs estimations). Leur nombre est par ailleurs appelé à croître dans les prochaines années. A ce titre, il peut être judicieux pour les entreprises qui travaillent avec des freelancers d’apprendre à manager ces personnes, d’où l’utilité du Chief Freelance Officer. Quelles sont les caractéristiques de ce métier et comment les grands groupes peuvent en tirer partie ? Réponse dans cet article, grâce à plusieurs retours d’expérience !
Le chief freelance officer, kézaco ?
Avec l’arrivée en force de la génération Y, le monde du travail change. Et de nouvelles professions émergent ! Nous avons vu l’apparition des Chief Happiness Officer par exemple. Le Chief Freelance Officer s’inscrit aussi au sein de cette révolution des professions. A mi-chemin entre fonction RH et achats, le rôle d’un CFO est de coordonner les activités des freelancers qui exercent certaines activités pour le compte d’entreprises, souvent en tant que prestataire externe. Il est en cela un intermédiaire entre les entreprises et les contractuels indépendants et doit s’occuper d’une part de la gestion efficiente des tâches effectuées par les indépendants, et d’autres part s’assurer que ces derniers sont rémunérés en bonne considération et dans les temps impartis. Les freelancers ne devant pas subir les mêmes contraintes que les employés des groupes pour lesquels ils travaillent (ex : horaires de travail, objectifs de productivité etc.). Des ajustements sont en outre nécessaires au niveau de la stratégie de recrutement, de l’onboarding ou encore des clauses de confidentialité. Les freelancers sont également des talents qui peuvent permettre aux grands groupes d’innover, grâce à leur veille permanente sur des sujets d’importance stratégique !
Ainsi, un enjeu majeur pour les CFO est de fidéliser ces collaborateurs. C’est pour cela que les DRH doivent s’impliquer sur le sujet, alors que le nombre de freelancers a augmenté de 120% ces dix dernières années et que la plupart le deviennent par choix et non par manque d’opportunités. Il devient nécessaire de créer une véritable “expérience freelance” qui permette la promotion de la culture d’entreprise auprès des freelancers et en externe.
Les grands groupes peuvent enfin réduire les coûts en choisissant de collaborer avec des travailleurs en freelance. En effet, ces derniers sont généralement payés par projet et peuvent être appelés en fonction de l’offre et de la demande, permettant ainsi à l’entreprise d’être plus réactive et de s’adapter en fonction de ses besoins du moment. En contrepartie, les freelancers bénéficient de plus de liberté et de flexibilité dans l’exercice de leurs fonctions (mais sont aussi plus exposés à la précarité de l’emploi …).
Une nouvelle profession qui suscite des vocations
Avec l’engouement des entreprises pour les Chief Freelance Officer, des firmes du monde entier ont créé des postes similaires. C’est par exemple le cas du groupe minier Rio Tinto, qui a créé un poste de “manager des talents externes” pour gérer ses géologues et ingénieurs qui travaillent en tant qu’indépendants. Signe de l’intérêt porté à cette nouvelle profession, une édition de TomorrowWorks s’est tenue en février dernier sur le sujet du Chief Freelance Officer.
Il y a aussi des start-ups qui s’engagent sur le sujet comme Comet. Cette dernière s’est spécialisée dans la mise en relation entre développeurs freelances et entreprises. Elle a pour objectif d’améliorer la perception des freelancers en interne et de rendre les entreprises réceptrices de freelancers plus agiles. Pour cela, elle a développé un algorithme de matching entre 1500 freelancers de la tech triés sur le volet pour des grands groupes partenaires comme Engie, LVMH ou encore Renault.
Retours d’expérience de la part de Chief Freelance Officer
Les CFO ont une hantise : le bad buzz. Cela s’est produit chez Uber, qui a été accusé de ne pas donner assez de considération au management de ses collaborateurs indépendants. Pour éviter des tensions en interne qui se répercuteraient sur l’image en externe, un accompagnement des freelancers est impératif. C’est notamment cet aspect du métier qui a attiré Anne-Julie Gaboriau, CFO au sein de Right Management, filiale du groupe Manpower. Cette dernière est en charge du recrutement de consultants et de l’optimisation de cette communauté. Au sein de la filiale, les consultants freelance ne sont pas salariés, mais ils ont accès à l’intranet de l’entreprise notamment pour le permettre de faire de la veille économique. Ainsi, ils bénéficient d’un suivi basé sur la confiance et ont accès à une vaste quantité d’informations. L’objectif : créer des partenariats sur la durée ! Pour recruter, la firme s’est aussi lancée dans l’organisation de road shows annuels pour partir à la rencontre des freelances.
Un autre témoignage intéressant est celui de Muriel Ancel, directrice générale chez RH solutions Alsace portage salarial. Cette dernière s’est lancée dans le portage salarial avant de devenir Chief Freelance Officer. Elle mentionne une pyramide des âges très vastes chez les freelancers et les CFOs. Pour réussir dans ce métier, elle prône une bonne connaissance du monde des freelances et aussi des obligations juridiques qui accompagne ce statut. Enfin, pour retenir les freelancers, elle conseille de tout miser sur la communication. “C’est un métier où l’humain a une immense place” déclare-t-elle. Alors, qu’attendez-vous pour devenir Chief Freelance Officer ?
One Response